Point Ephémère, anatomie d'un monument
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Mise à jour le 05/10/2021
Régulièrement, on vous fait découvrir ou redécouvrir les lieux qu'on apprécie tout particulièrement dans la capitale. Petite visite au cœur d'un endroit qui fait figure d'institution de la culture et de la fête.
C'est le propre des lieux incontournables: vous n'y êtes peut-être jamais allé, mais vous en avez forcément entendu parler. Posé quai de Valmy le long du canal Saint-Martin, dans un ancien bâtiment de matériaux de construction vintage à souhait, Point Éphémère ambiance depuis 2004 les jours et surtout les nuits parisiennes. Avant tout réputé pour sa prog musicale et sa terrasse au bord de l'eau. l'établissement est riche de bien d'autres activités et offres culturelles. Disséquons donc gaiement les entrailles de la bête (c'est une image) avec David Suchestow, en charge de la com de l'établissement, qui nous a fait le tour du propriétaire.
Premier arrêt dans la salle de concert, épicentre de l'activité sismique des lieux, qui a fait la notoriété de Point Éphémère. Une salle à taille humaine, ni trop intimiste, ni trop vaste, avec une prog qui privilégie la pop et le rock indé, saupoudrée d’un peu d’électro et de rap. La ligne artistique est ouverte mais toujours cohérente, tenue, de celles qui forgent l'identité d'une salle: chez les groupes invités à la musique parfois exigeante, on cherche toujours une composante pop, un talent pour la mélodie et le riff accrocheur, accessible à un public allant au-delà du cercle d'initiés. Ici jouent le plus souvent des groupes jeunes et prometteurs, sans la prétention de servir de découvreur de talents, puisque la plupart des artistes se sont déjà taillé une belle réputation dans le circuit.
Ces dernières années, les concerts ne sont toutefois pas les seules performances offertes par l'espace scène, qui s’ouvre de plus en plus aux arts vivants, avec des spectacles de drags par exemple, mais aussi à des DJ sets et des soirées, comme la désormais très courue «C’est d’la boum», où l'on replonge avec bonheur au temps où l'on avait des boutons et des fringues moches.
On passe ensuite, toujours au rez de chaussée, dans l'espace "salle polyvalente". On y accueille des expos de toutes disciplines artistiques, qui se renouvellent régulièrement, mais aussi des événements ponctuels comme des marchés aux vinyles, des vide-dressings pour madame et monsieur, des rencontres et des vernissages. Et l'espace sait aussi se muer, en cas de force majeure style coupe du monde, en lieu de communion nationale autour d’un grand écran. Il y a aussi des tables de ping-pong et un baby-foot, bref, au Point Éphémère, on tient à se cultiver avec raffinement, mais aussi à décompresser en toute décontraction. C'est là tout l'esprit du lieu, là où réside sa force d'attraction: on peut s'y prélasser au soleil avec un cocktail avant d'aller voir du théâtre expérimental, admirer une expo de graphisme pointue puis se lâcher sur un DJ set régressif… Culture ET fête, art ET détente, ces mots pourraient être inscrits au fronton de l'établissement.
Depuis sa naissance au bord du canal, il y a certes au cœur du projet la vocation d'être un lieu de diffusion, mais aussi de création à part entière. Les dimensions de l'établissement ont permis, au RDC mais aussi à l'étage, d'aménager des espaces de résidence artistique: en bas, plusieurs studios de musique (l’excellent label microqlima y permet d’ailleurs à ses poulains d’y répéter), et en haut des ateliers pour la création graphique, ainsi qu'une salle de taille confortable pour les compagnies de théâtre et de danse. Ce soutien aux artistes s'opère dans des conditions bien plus souples et meilleur marché que sur un circuit plus "classique", d'autant qu'il existe peu ou pas de lieux de résidence dans Paris intra-muros, et surtout pas à ce tarif, ni dans un lieu aussi cool. Il n'y a de plus pas d’obligation «écrite» pour les artistes résidents, simplement une implication minimum dans la vie du lieu, et une présentation des travaux au moins une fois le temps de la résidence, par une expo par exemple, ou en ouvrant au public les portes d’une répétition pour les troupes de théâtre.
A l'étage, c'est un peu la salle des machines qui fait tourner cette belle mécanique, avec l'administration, la logistique, la com, ainsi qu'une incroyable pièce capharnaüm bourrée jusqu'à la gueule d'objets récupérés ou de fabrication maison et d'éléments de décor pour des événements ou des réfections nécessaires. La cerise sur le gâteau du Point Éphémère, c'est fort logiquement le rooftop, pardon le toit-terrasse, ouvert en 2017. On s'y délasse aux beaux jours avec du bon boire et du bon manger, au soleil ou à la fraîche. La nappe d'herbe synthétique au sol suffira à l’indécrottable parisien pour se sentir en pleine forêt vierge.
Point Éphémère est donc bien plus qu'une salle de concert et un bar-resto sympathique. C'est un lieu «total», un vrai lieu de vie englobant, où l’on peut passer une journée entière sans jamais faire la même chose. C'est une grosse machine finalement très humaine, à l’image de ses structures en béton et armatures apparentes, ses escaliers de fer dans leur jus, traversée en permanence de vibrations créatives, habillée sur ses murs extérieurs par des street artistes qui s’en donnent à cœur joie. La fête, c’est donc une affaire très sérieuse, et ça l’équipe du Point Éphémère l’a bien compris.
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