Toc Toques Paniers rend accessibles les légumes bios et bons pour la santé
Reportage
Mise à jour le 03/02/2025
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Sommaire
Dans les 18e et 19e arrondissements, une vente de paniers de légumes bios et locaux à bas prix est organisée. Elle est assortie d’ateliers de cuisine pour apprendre à se régaler des légumes du panier. Reportage au centre social La Maison bleue (18e).
Betteraves, patates douces,
potimarron, pousses de mâche et même quelques pommes, le panier du jour est
bien rempli. Jocelyne, habitante du quartier de la porte de Montmartre (18e), est au rendez-vous. « C’est la troisième fois que
je viens. L’idée est super : je cuisine trop de viande et je voulais connaître
comment alléger mes plats avec des légumes. »
Fatima est aussi présente avec son
fils : « Pour moi, c’est l’occasion de savoir
comment préparer certains légumes. La dernière fois, il y avait d’énormes
radis et je ne savais pas quoi en faire. On les a
coupés et mis en bocaux dans du vinaigre pour en faire des pickles !
Au bout d’une semaine, on pouvait les déguster dans une salade pour remplacer
des chips ! »
Varier l’alimentation, manger moins de viande, apprendre les bienfaits des légumes pour la santé, tout en rendant les légumes de saison accessibles, c’est bien l’objectif de cette expérimentation. Financée par la Ville de Paris, en partenariat avec le bailleur social Paris Habitat, elle se tient actuellement dans des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) des 18e et 19e arrondissements.
à savoir
L'expérimentation concerne exclusivement les habitants du QPV Porte de Montmartre (18e) et du QPV Chaufourniers (19e).
Des légumes bios, à prix libres
Au menu du panier du jour : tous les ingrédients pour de succulentes recettes !
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Clément Dorval / Ville de Paris
Emmanuelle Mouy (Toques en stock) et Christophe Babarit (Réseau Cocagne), associés pour la réussite de l’expérimentation.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Tout le monde met les mains à la pâte pour rendre ces ateliers ludiques et instructifs. Ici, le diététicien de l’association.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Charlotte, salariée de l’association Toques en stock, s’apprête à faire goûter la soupe qu’elle vient de préparer.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Aux manettes de l’opération, malicieusement nommée Toc Toques Paniers, on trouve Emmanuelle Mouy, de l’association Toques en stock, et Christophe Babarit, du Réseau Cocagne, associés pour l’occasion. « Nous ne frappons pas directement aux portes, mais nous sommes vraiment au pied des immeubles et on s’adresse à des habitants éloignés des commerces d’alimentation durable », explique Emmanuelle.
Tous les paniers sont composés de légumes bios qui viennent d’un jardin du Réseau Cocagne à Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), à une vingtaine de kilomètres de Paris. « Nous sommes une association qui fédère une centaine de "jardins de cocagne". Ce sont des fermes maraîchères en agriculture biologique qui ont pour particularité d’être des structures d’insertion par l’activité économique », précise Christophe.
Le juste prix de ce panier pour un producteur est de 15 euros dans un commerce bio, un prix élevé dans un QPV. Ils sont ici proposés à prix libre (3 euros minimums). « On a décidé que les habitants choisiraient eux-mêmes ce qu’ils veulent payer, en fonction de leur revenu et du contenu du panier. Ils se mettent en position de consommateurs responsables et s’ils ne sont pas en situation trop fragiles, ils vont mettre en moyenne 6 à 7 euros. Cela fonctionne très bien. »
Et des ateliers de cuisine pour les préparer
Ce jour-là, les participants apprennent à décrypter le Nutri-Score.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Présent sur les emballages, le Nutri-Score permet de choisir les meilleurs aliments pour sa santé.
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Clément Dorval / Ville de Paris
C’est l’heure de préparer un bon gratin de patates douces et de pois chiches, une recette riche en bêta-carotène (vitamine A), qui contribue notamment au fonctionnement normal du système immunitaire.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Des produits de saison agrémentent la préparation de la soupe.
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Clément Dorval / Ville de Paris
L’idée géniale de cette opération est d’y joindre des ateliers de cuisine et une éducation au mieux-manger. Tout commence par les conseils d’un diététicien et d’une docteure, membres de l’association. En parallèle, Charlotte, salariée de l’association, prépare une bonne soupe avec des éléments du panier, qu’elle fera déguster à tout le monde (on l’a goûtée et on s’est régalés !).
Puis, c’est le moment de réaliser la recette – ce jour-là, un bêta-gratin de patates douces et de pois chiches, une recette riche en bêta-carotène (vitamine A). Les participants s’attellent à éplucher et à découper les légumes. Aidés par Emmanuelle, ils suivent minutieusement chaque étape de la préparation. En fin d’atelier, ils repartiront à la fois avec le plat qu’ils viennent de réaliser, un panier de légumes bruts et la recette pour tout refaire chez eux.
Prendre soin de soi par l’alimentation
Soigner par l’alimentation, c’était bien le but d’Emmanuelle en créant son association Toques en stock. Cette infirmière et cadre aux Petits Frères des Pauvres depuis trente ans raconte : « J’en ai eu assez d’enterrer des gens de manière prématurée (à 63 ans en moyenne) à cause de complications de pathologies métaboliques évitables telles que le diabète, l’obésité, le cholestérol ou des pathologies cardiovasculaires. Et j’ai aussi fait le constat que j’avais beaucoup de patients de la rue, qui étaient issus des métiers de bouche, comme des serveurs ou des commis. J’ai donc eu l’idée de monter une brigade. Avec eux, j’avais plein de toques dans mon stock », confie-t-elle en souriant.
Résultat, elle passe un CAP de cuisine à l’école Ferrandi, grande école de la gastronomie, et crée son association en 2021. Elle commence ses ateliers nutrition santé aux Petits Frères des Pauvres avec les personnes hébergées sur place. Puis elles déploient ses ateliers un peu partout.
Une expérimentation qui pourrait faire des petits
C’est pour son expertise que la Ville de Paris l’a contactée pour
mener cette expérimentation qui fait partie de six autres projets votés au Conseil de Paris et financés par la Ville, en soutien aux associations engagées pour que chacun puisse bénéficier d’une alimentation saine et durable.
L’opération est bien sûr évaluée et si elle s’avère positive, elle pourrait être répétée dans d’autres arrondissements. Emmanuelle imagine déjà
la suite : « On aimerait que les habitants prennent en main le projet, le portent et s’en
occupent. Et en passant, ils rencontreraient leurs voisins, car la cuisine est un outil de lien social
merveilleux ! »
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