Découvrez La Scène Barbès, le comedy club en vogue à Paris

En ce soir de février, la terrasse à l’angle des rues d’Oran et Léon, dans le 18^e arrondissement, est en ébullition. Certains dînent, d’autres profitent de la douceur pour trinquer, quelques-uns attendent leurs amis retardataires. Le bar est rempli, et beaucoup attendent la séance de 20 heures. Tous viennent pour le même lieu : La Scène Barbès. Cela fait quatre mois que ce comedy club a posé ses valises en plein cœur de la Goutte d'Or.

Nous sommes accueillis par les deux directeurs de l’établissement, Thomas Escaffre et Larry Benoit. « Bienvenue à La Scène Barbès ! », s’exclament-ils en chœur. Le premier est le chef, le second est « le bras droit », comme il se décrit lui-même. Qu’importe la hiérarchie, c’est en tandem qu’ils dirigent le comedy club.

Tous les deux connaissent bien le milieu de l’humour : « J’ai dix ans d’expérience dans le domaine, donc quand le propriétaire des lieux m’a approché, c’était comme une suite logique », explique Thomas Escaffre. Son jeune adjoint Larry Benoit rebondit : « Le fait que nous connaissions bien la scène parisienne est surtout un gros plus pour tout le monde, pour les humoristes comme pour le public. On a pu développer le projet avec plus de sérénité. »

Même si tout n'allait pas être aussi simple. La Scène Barbès a remplacé un ancien lieu phare de l’humour parisien : le Barbès Comedy Club. Celui-ci, dirigé par l’humoriste Shirley Souagnon, a fermé ses portes le 31 juillet 2022. Pour Larry Benoit, succéder à la comédienne est un vrai défi : « C’est très dur de passer après une tête d’affiche ! »

La seule condition exigée par Thomas Escaffre pour reprendre les rênes du comedy club : « Repartir à zéro pour montrer qu’il y a un renouvellement aussi bien artistique qu’identitaire. On savait juste qu’on allait proposer une bonne programmation au public et un lieu agréable pour les artistes, où ils peuvent librement tester leurs vannes, voire roder un spectacle. »

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Quand on entre à « La Scène », on ressent les vraies origines new-yorkaises du stand-up. La petite scène où se produit l’humoriste est à proximité immédiate du premier rang, une inspiration puisée outre-Atlantique assumée par Thomas Escaffre : « C’était inimaginable de créer un lieu qui ne renvoie pas vers les scènes new-yorkaises. C’est l’essence du stand-up. On voulait un décor où les gens se sentent à l’aise, quelque chose d’intimiste. Mais également rendre hommage à cet art. » « Tout a été pensé très minutieusement, on a mis un mois à trouver des chaises quand même ! », ajoute Larry Benoît.

Trois mois de travaux ont suffi pour ouvrir le 15 octobre 2022 ce nouveau haut lieu culturel du Nord parisien, qui compte soixante places assises. Pour la jeune direction, l’objectif est d’attiser la curiosité du public : « On a beaucoup travaillé sur la programmation, savoir ce que les gens veulent consommer. On a surtout été très soucieux de donner une identité à ce projet qui remplace le “Barbès”. On ne veut pas faire mieux, on veut proposer autre chose », raconte Thomas Escaffre. « Voir du stand-up est devenu une sortie incontournable à Paris, on se doit d’être à la hauteur », complète Larry Benoit.

Du mardi au dimanche, la programmation est articulée autour de deux plateaux principaux. Tout d’abord, le « Comedy Night », où cinq humoristes confirmés et reconnus sur la scène parisienne jouent pendant dix minutes. Puis vient « La Nouvelle Vague », des artistes émergents invités à se produire devant le public. Accompagner les comédiens dans leur ascension, c’est également la mission du comedy club : « On donne leur chance à ceux qui vont exploser, car ce sont eux les têtes d’affiche de demain », explique Thomas Escaffre.

La Scène Barbès propose également chaque dimanche un plateau 100 % anglophone, le « Coucou Comedy ». Une offre indispensable selon le directeur : « Il en faut pour tout le monde, puisqu'on s'est rendu compte que la demande était élevée. Paris est une ville avec une grande communauté anglophone et non francophone, donc c'est indispensable de proposer ce genre de plateau. »

Pour les artistes, impossible de ne pas passer par la Goutte d’Or. « Pas mal de personnes de la scène passaient par le Barbès Comedy Club, raconte Yassir, humoriste confirmé de 29 ans, puis la majorité continue à s’y produire et de nombreux talents se rajoutent. Il n’y a pas de compétition entre nous, donc c’est génial. » Tom, colocataire de Yassir, qui s’apprête à monter sur la scène dans la catégorie « Nouvelle Vague », ne dit pas autre chose : « Je passe mes journées dans les différents comedy clubs de la capitale. C’est notre outil de travail. »