Sept choses à savoir sur la tour Saint-Jacques
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 24/03/2023
Sommaire
L’achèvement de cet édifice, dressé à quelques dizaines de mètres des berges de Seine et ancrée au cœur de son propre square, date d’il y a tout juste 500 ans. Son sommet est de nouveau accessible, à la force de bons mollets, dès le 17 mai. Mais connaissez-vous tous ses secrets ?
Vestige d'une église, elle est le point de départ d'un célèbre pèlerinage
À
voir la tour Saint-Jacques isolée, au milieu d’un jardin public, sans aucun édifice autour d’elle, on
pourrait plutôt la prendre pour un monument scientifique ou artistique que pour
un ancien clocher d’église… Et pourtant. Attestée
au XIIe siècle, l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie y trônait jusqu'à la fin du XVIIIe, idéalement
située à proximité des seuls ponts parisiens qui, alors, franchissent la Seine.
Érigée au cœur du quartier de la Grande
Boucherie, l'église prend ce nom pour la différencier de celle de Saint-Jacques
du Haut-Pas, sur la rive gauche. On y enterrait les
paroissiens notables qui avaient fait des dons considérables, à l'image du célèbre bourgeois parisien Nicolas Flamel qui y a été inhumé.
En
1509 débute la construction d’un nouveau clocher dans le style gothique
dit « flamboyant », à l'angle sud de sa façade occidentale. La construction
s’achève en 1523. Devenue bien national à la
Révolution, Saint-Jacques-de-la-Boucherie est vendue comme carrière de
pierres en 1797, sous réserve que son clocher, le plus haut de la rive droite, soit épargné. À
l'emplacement de l'église, on construit, vers 1820, un marché couvert.
C’est le 27 août 1836 que la Ville de Paris fait l’acquisition du clocher afin de l’intégrer au grand projet urbain de l’axe est-ouest, qui était déjà en gestation.
Aujourd'hui, la tour Saint-Jacques est un des quatre points de départ du chemin de Saint-Jacques de Compostelle : la via Turonensis démarre à son pied et relie Saint-Jean-Pied-de-Port, dans les Pyrénées-Atlantiques, en un peu plus de 1 000 kilomètres.
Venez découvrir Paris depuis le haut de la tour Saint-Jacques !
Square de la Tour Saint-Jacques - 39, rue de Rivoli, Paris 4e
Du vendredi 17 mai 2024 au dimanche 10 novembre 2024
Blaise Pascal y a réalisé des expériences
Blaise Pascal,
mathématicien et physicien, effectue des expériences sur la pesanteur de l’air entre 1647 et 1648. Partant
d’une expérience menée par l’Italien Torricelli, il retourne un tube rempli de
mercure sur une cuve elle-même pleine de mercure. Le liquide s’abaisse et reste
en suspens dans le tube, laissant un espace apparemment vide en haut. Pascal
attribue ce phénomène à la pression atmosphérique.
Quelques
années plus tard, le scientifique reproduit l’expérience en des lieux présentant des dénivelés différents : en
haut et en bas d’un mont d’Auvergne, au rez-de-chaussée et à l’étage d’une
maison et… au sommet et à la base du clocher de l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie.
Les résultats confirment que la différence de pression
varie avec la hauteur du lieu d’expérimentation. À titre d’hommage, une
statue du savant est installée sur le socle de
la tour lors de sa première restauration au XIXe siècle.
Une station météorologique y est déployée à partir de 1891
En 1885, le physicien Joseph Jaubert, qui se voyait en héritier de Pascal,
parvient à « emprunter » la tour Saint-Jacques pour y conduire plusieurs expériences météorologiques. En 1891, le
laboratoire de Jaubert n’a plus suffisamment de fond pour poursuivre et le
savant sollicite la Ville de Paris pour lui octroyer une aide.
En devenant publique, la mission du laboratoire va préciser
son programme : « Contribution
au progrès des sciences en général au moyen des recherches expérimentales pour
lesquelles la situation de la tour Saint-Jacques est des plus favorables. » Outre la nécessité de tenir des conférences pour leur diffusion, la station
permet alors d’étudier la climatologie de Paris, mais aussi la pollution de
l’atmosphère par les fumées et poussières, ainsi que les trépidations du sol…
En 1895, la municipalisation du laboratoire est finalisée, en
le fusionnant avec celui de l’Observatoire de Montsouris. L’activité est poursuivie pendant une très grande partie du XXe siècle. Aujourd’hui encore, une visite de la tour permet de découvrir, au
troisième niveau, une grande pièce restée dans son jus où
se déroulaient ces expériences.
Un lion, un taureau, un aigle et un ange la surplombent
Situées aux angles de la terrasse sommitale, ces statues représentent par leur symbole respectif les saints évangélistes Marc (le Lion), Luc (le Taureau), Jean
(l’Aigle) et Matthieu (l’Ange). Elles ont
remplacé les statues d’origine déposées ou détruites à la Révolution. Dix-neuf autres
statues de saints de 2,5 mètres de haut occupent les
niches des façades à partir du XIXe siècle.
C’est au sommet de la tour
que trône saint Jacques-le-Majeur, figuré en pèlerin : la statue d’origine, haute de 3 mètres, avait
été précipitée en l’an IV de son piédestal et s’était brisée en tombant sur le
pavé. Sa reproduction du XIXe siècle se dresse
aujourd’hui, exposée à la vue de toute la capitale, rehaussée par un socle renforcé
d’arcs-boutants.
La tour est
ornée d’un riche décor sculpté, gargouilles, chimères et dragons, masques,
coquilles Saint-Jacques, moulurations complexes en courbes et contrecourbes…
L’ensemble
des façades de la tour, sa terrasse, son décor statuaire et ornemental, ont été
restaurés par la Ville de Paris entre 2006 et 2009 : cette
campagne de travaux avait pour objectif, après un
nettoyage général, de remplacer les pierres trop dégradées pour être
conservées, de consolider les pierres fragilisées et de restituer si nécessaire
les éléments indispensables à la cohérence de cette architecture héritée du
XVIe siècle.
Les travaux d'Haussmann sont pour beaucoup dans sa mise en valeur
En 1853, le baron Haussmann, nommé préfet de la Seine, met en place une organisation des
services apte à concrétiser les grands projets qui avaient émergé sous la
Restauration et la Monarchie de Juillet. Certains de ces projets, comme celui de la rue de Rivoli, avait même été initiés sous le Premier Empire. Haussmann apporte une accélération décisive à
l’invention d’un Paris plus moderne doté de grands boulevards, de
gares et d’espaces verts.
Ces grands travaux ont marqué l’histoire de la tour Saint-Jacques grâce à la prolongation de la
rue de Rivoli et à l’ouverture du boulevard de Sébastopol,
artères qui se croisent devant le monument et son square aménagé.
Ce square a d’ailleurs
été créé pour mettre en valeur l’ancien clocher gothique
transformé en tour ornementale, sous la direction de l’architecte Théodore Ballu.
La restauration de 2006-2009 a révélé tant l’abondance des décors sculptés d’origine que la qualité des éléments apportés au XIXe siècle.
Elle offre l’une des plus belles vues panoramiques de Paris…
Mais il faut pour cela gravir ses quelque
300 marches, soit l'équivalent d'un immeuble de 16 étages ! Sa hauteur est de 54 mètres à la terrasse sommitale. L’altitude de son socle s’ajoutant à sa hauteur lui permet de
rivaliser avec les tours de Notre-Dame. La terrasse de la tour
Saint-Jacques présente toutefois l’avantage impressionnant d’une vue à 360°.
En 1993, la tour Saint-Jacques, dans le cadre de l’ensemble constitué par les Chemins de
Saint-Jacques de Compostelle, a été classée par l’Unesco au titre du Patrimoine
mondial de l’humanité.
Elle ne se visite que de mai à novembre… et elle se mérite !
Accessible par son étroit escalier à vis et limitée en nombre de
visiteurs en raison de l’exiguïté de ses espaces intérieurs, la visite de la tour se fait uniquement sur inscriptions, sous la conduite d’un organisme ayant répondu à
l’appel à projets de la Ville. C’est actuellement Magma Cultura qui assure cette
mission d’organisation, d’animation et de sécurisation des visites.
Pour admirer cette vue inoubliable, mieux vaut être en bonne condition physique, et ne pas être sujet aux vertiges ou à la claustrophobie…
Dates d’ouverture et inscriptions
La tour est ouverte du 17 mai au 10 novembre 2024. Les visites guidées, animées par un guide-conférencier, se déroulent les vendredis, samedis et dimanches de 10 h à 18 h (10/12 euros).
Infos et réservations.
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