Le boom des logements vacants accroît la baisse de la population à Paris

Actualité

Mise à jour le 19/12/2024

Promenade en famille.
Malgré son indéniable attractivité, la capitale compte 76 600 habitants en moins entre 2016 et 2022, selon une étude de l’Insee. En cause : l’explosion du nombre de logements vacants, la baisse de la natalité et la diminution de la taille des ménages. On vous explique comment Paris tente d’endiguer le phénomène.
Vous étiez… 2 113 705 habitants à Paris au 1er janvier 2022 ! Voici le chiffre communiqué ce jour par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) concernant la population de la capitale. Ce sont 76 600 personnes en moins par rapport au 1er janvier 2016. Comment expliquer cette baisse ? Quelles sont les données à retenir de cette étude ? On vous dit tout.

Une baisse plus importante dans… les 7e et 10e arrondissements

Shéma montrant l'évolution de la population municipale entre 2016 et 2022
Entre 2016 et 2022, la population parisienne a baissé de 12 800 habitants chaque année en moyenne, contre 11 900 habitants chaque année en moyenne sur la période 2011-2016. Le nombre d’habitants a diminué dans tous les arrondissements, hormis dans les 2e, 4e et 14e, où la population a augmenté modérément. Les plus fortes diminutions, en pourcentage, concernent les 7e et 10e arrondissements.
Par rapport à la période précédente (2011-2016), la baisse s’accentue dans huit arrondissements (3e, 5e, 9e, 10e, 13e, 17e, 19e et 20e). À l’inverse, elle diminue à un rythme moins important dans douze arrondissements.
L’évolution de la population s’explique par des facteurs proprement démographiques : l’évolution du solde naturel (naissances moins décès) et celle du solde migratoire (différence entre le nombre d’arrivées et de départs sur le territoire parisien), mais elle est également tributaire de facteurs liés aux logements et aux ménages. En effet, elle dépend de la capacité du parc de logements à accueillir la population et de son évolution.

Une baisse liée à l’augmentation des logements vacants

Shéma montrant l'évolution comparée de la population et de la part de logements inoccupés de 1968 à 2021.
Comment faire quand beaucoup de logements restent volontairement vacants ? La diminution de la population parisienne s’explique en effet essentiellement par la baisse du taux de résidences principales (logements occupés au moins six mois par an). Cette décrue est elle-même liée à la hausse des logements inoccupés, qui regroupent les résidences secondaires, les logements occasionnels et les logements vacants.
En effet, depuis 2012, la part des logements inoccupés a fortement progressé, pour atteindre 19,2 % en 2021. Elle est notamment liée à la hausse des logements consacrés à plein temps à la location meublée touristique, mais aussi à l’augmentation récente de la part de logements vacants (+1,4 point entre 2015 et 2021).
Dans quatre arrondissements (1er, 6e, 7e et 8e), la part de logements inoccupés dépasse les 30 %. Quand la part des logements inoccupés baisse, la population augmente, à l’instar de ce qui a pu être observé sur la période 1999-2011. Inversement, lorsque la proportion de logements inoccupés progresse, la population diminue.
Paris fait face depuis plusieurs années à une invasion importante sur le parc locatif des plateformes de meublés touristiques, ce qui a retiré du marché des dizaines de milliers de logements, notamment dans Paris Centre. Pour contrer ce phénomène, Paris lutte inlassablement contre les meublés touristiques, avec notamment la réduction à 90 jours de location adoptée ce 19 décembre au Conseil de Paris, et conformément à ce que permet la loi récemment adoptée pour limiter la fraude.
Ces logements inoccupés limitent fortement les efforts réalisés en matière de construction de nouveaux logements : entre 2015 et 2021, Paris a compté 30 300 logements supplémentaires dans l’ensemble de son parc mais, dans le même temps, 14 600 résidences principales en moins.

Paris reste attractif, notamment pour les jeunes

Shéma montrant l'évolution de la population à Paris de 1968 à 2022.
En raison de la diversité de son offre d’enseignement supérieur et de son vaste marché de l’emploi, Paris attire traditionnellement de nombreux jeunes adultes venus poursuivre leurs études ou trouver un emploi. Les jeunes de 15 à 24 ans représentent ainsi la seule classe d’âge pour laquelle le solde migratoire est positif.
Pour l’ensemble des autres classes d’âge, le nombre de départs est plus élevé que le nombre d’arrivées. Les départs s’intensifient à deux moments de la vie : lors de la constitution ou de l’agrandissement de la famille – avec des départs d’adultes entre 30 ans et 44 ans et d’enfants – ainsi qu’au moment de la retraite – avec le départ de personnes âgées de 60 ans à 69 ans.
Pour garder ses familles, Paris a une politique volontariste avec, entre autres : une offre de crèche unique en France, des dispositifs comme la gratuité des transports pour les mineurs, une offre culturelle riche.
Si louer un logement à Paris est très cher, ce qui a pour conséquence une difficulté importante pour trouver un logement, la Ville continue d’augmenter le nombre de ses logements sociaux permettant aux classes populaires et aux classes moyennes de rester dans la capitale.
Autre dispositif pour contrer les loyers chers ces dernières années, la mise en place de l’encadrement des loyers pour en limiter la hausse, avec de premiers résultats probants.

Des raisons démographiques avec la baisse de la natalité comme ailleurs…

Avec 27 085 naissances par an entre 2016 et 2021, Paris a enregistré 2 061 naissances en moins par an par rapport à la période 2011-2015, au cours de laquelle le nombre de naissances s’établissait à 29 146 naissances par an. En France, la baisse des naissances s’observe également, mais elle est intervenue plus tardivement (en 2014).
Entre 2016 et 2021, la baisse des naissances constatée à Paris (-9,1 %) est plus importante qu’à l’échelle nationale (-5,7 %). Cette baisse des naissances s’est poursuivie en 2022 et 2023. 21 775 naissances sont dénombrées à Paris en 2023, soit 4 000 en moins que l’année 2021 (-15,6 %). En Île-de-France et en France, la baisse observée est respectivement de -7,7 % et de -8,9 %.

… et la diminution de la taille moyenne des ménages

Shéma montrant l'évolution de la taille moyenne des ménages.
Autre facteur contribuant à la baisse de la population : l’évolution de la taille moyenne des ménages (nombre de personnes par logement occupé). Alors qu’elle ne cesse de diminuer en France depuis les années 1960, elle était stable à Paris et en Île-de-France dans les années 2000. Les chiffres de 2021 mettent cependant en évidence un recul de la taille moyenne des ménages depuis 2014 à Paris.
Cette tendance n’est pas spécifique au territoire parisien, la taille moyenne des ménages baisse dans tous les départements français. Une tendance qui risque, en lien avec le vieillissement, de s’accentuer.
Comme de nombreuses villes en France, l’éclatement des familles entraîne la recherche d’un logement proche du domicile familial initial pour le parent séparé, ce qui engendre la baisse du nombre de logements disponibles.