Deux gymnases mieux adaptés à l'accueil des réfugiés ukrainiens

Reportage

Mise à jour le 25/03/2022

Réfugiés ukrainiens : installation de structures imaginées par Shigeru Ban, architecte japonais, pour améliorer l'accueil au gymnase rue de Bercy (12e)
Alors que de nombreux réfugiés ukrainiens arrivent chaque jour dans la capitale, les centres d'hébergements temporaires mis en place dans les gymnases Marie-Paradis (10e) et Victor-Young-Perez (12e) ont été repensés par l'architecte japonais Shigeru Ban pour créer des espaces de vie plus intimes.
À quelques pas de la gare de l’Est, le gymnase Marie-Paradis (10e) a délaissé ses activités sportives pour se transformer en lieu d'accueil pour les réfugiés ukrainiens, les ballons de basket et de foot ont laissé place aux lits de camps, denrées alimentaires et jouets pour enfants. Depuis le 22 mars, le lieu d’hébergement temporaire a changé de forme et de couleurs. À base de cartons et de voilages en tissus, des espaces cloisonnés ont été créés afin d'avoir des espaces d’intimité pour les familles. Des sortes de bulles colorées et chaleureuses, qui ont pour objectif d'apporter du réconfort.
Ces nouvelles structures ont été pensées par l’architecte japonais Shigeru Ban, connu pour son action humanitaire à l’international. Le second gymnase, Victor-Young-Perez (12e), dédié aux réfugiés près de la gare de Lyon, bénéficie du même type d'aménagements.

Comme des petites chambres

« L’intimité est un droit humain fondamental ». Cette phrase, l’architecte Shigeru Ban la répète comme un mantra. Récompensé en 2014 du prix Pritzker, le prix « Nobel » d’architecture, le professionnel continue de faire prospérer son invention, comme ici, à Paris, où il intervient pour la première fois.
Un soutien indispensable pour ces centres d’hébergement temporaire, comme le gymnase Marie-Paradis qui accueille jusqu’à 80 réfugiés par jour, avant que ces derniers ne soient redirigés vers des hôtels. « Notre priorité a été de recréer un semblant de vie », insiste Sihem Habchi, directrice des opérations à l’association Aurore, gestionnaire du lieu.
Depuis le 22 mars, le Japonais et une quinzaine d’étudiants en architecture de Versailles ont monté une quarantaine d'unités de vie, des petites « chambres ». Marc Ferrand, le designer qui travaille avec Shigeru Ban, a trouvé les futurs architectes particulièrement « astucieux » : « On souhaite toujours travailler avec des étudiants, afin de leur transmettre un savoir-faire. On a été épatés par leur volonté ! »
Facile à installer, matériaux légers et écologiques… Les cartons et tissus sont issus de dons d’entreprises françaises et danoises, transportés gratuitement jusque dans le 10e. Appelées «Paper Partition System », les unités ont été pensées pour la première fois au Japon en 2004, après le tremblement de terre de Niigata Chuetsu.
Au début du conflit en Ukraine, Shigeru Ban s'est rendu à Chelm, un centre d’accueil en Pologne, avant de venir en France pour reproduire ses installations. Un modèle que l'architecte souhaite exporter : « Chacun a le droit de recopier le principe, à conditions que ça soit pour aider des personnes réfugiées. »

Un lieu de vie à taille humaine

Le gymnase Marie-Paradis procure un espace à « taille humaine », appuie Sihem Habchi, qui souhaite que les réfugiés profitent d’un moment de calme. Elle rappelle aussi que les consignes de sécurité ne lui permettent pas d’accueillir plus de 80 personnes. Présente 24h/24 avec ses équipes, la directrice fait tout son possible pour offrir une bonne hospitalité : « Une mère et son enfant sont venus à plusieurs reprises, car ils se sont attachés à cet endroit, et ils s’y sentent en sécurité ».
Réfugiés ukrainiens : structures imaginéee par Shigeru Ban, architecte japonais, pour améliorer l'acceuil au gymnase Marie Paradis (10e)