Cultiver les compétences émotionnelles pour grandir
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Mise à jour le 19/02/2025

Sommaire
Le bien-être des enfants et des jeunes est au cœur du projet éducatif parisien. De la crèche au collège en passant par les centres de loisirs, les enfants apprennent à identifier leurs émotions et à coopérer à travers des activités ludiques et culturelles. Une approche qui favorise la réussite scolaire et l'épanouissement des jeunes. Explications.
Le bien-être et la réussite scolaire dépendent aussi de la capacité
des enfants à gérer leurs émotions, à coopérer et à communiquer. C’est pourquoi la Ville de Paris a placé les compétences psychosociales
(CPS) au cœur de son Projet éducatif de territoire (PEDT).
Ces compétences regroupent des aptitudes sociales, cognitives et émotionnelles
essentielles pour notamment mieux gérer des situations difficiles, interagir avec les autres et exprimer
ses ressentis. « Le développement de
ces compétences relationnelles et comportementales est encouragé à l’école au
sens large, pendant les activités scolaires, périscolaires et extrascolaires. Les enfants
doivent les acquérir pour enrichir leurs interactions se faire comprendre et mieux comprendre les
autres », souligne Christelle Ansault, responsable de la mission éducation inclusive à la direction des affaires scolaires (DASCO) de la Ville de Paris.
Avec le soutien d’associations comme la fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement, la Ville déploie des dispositifs scientifiquement validés pour favoriser ces
apprentissages.
Des jeux pour apprendre à gérer ses émotions
Dès la crèche, les tout-petits apprennent à reconnaître et verbaliser leurs
ressentis grâce à des supports visuels colorés. « Nous utilisons des ronds en feutrine représentant la joie ou la
tristesse pour aider les tout-petits à identifier et à nommer ce qu’ils
ressentent tout en enrichissant leur vocabulaire », explique
Marie-Grace Goncalves, responsable de la crèche Masséna (13e).
À l’école et lors des activités périscolaires, des jeux coopératifs et des
outils comme la « roue des émotions » permettent aux enfants
d’exprimer ce qu’ils éprouvent et d’apaiser leurs réactions impulsives. « On peut analyser leurs besoins à partir de
leurs émotions : s’ils ont peur, ils ont besoin d’être en sécurité ; s’ils sont
tristes, ils ont besoin de réconfort », explique Laura Sañudo, animatrice
au Pôle Enjeux Éducatifs Contemporains (PEEC) de la DASCO.

La tour de Fröbel, un jeu coopératif pour développer l'esprit d'équipe
Credit
Laurent Bourgogne, Ville de Paris
Les centres de loisirs sont également investis dans la démarche. « Chaque jour, j’utilise un jeu sur les émotions
pour comprendre ce que les enfants ont aimé ou moins apprécié la veille. Faire
la météo des ressentis nous aide à identifier la source d’une tristesse, d’une
inquiétude ou d’une frustration et à ajuster nos pratiques. Cela ouvre le
dialogue », explique Soraya Aggoun, Responsable éducative Ville (REV)
à l’école polyvalente Cugnot (18e).
J’ai appris que pour respecter l’autre, on commence par en prendre soin. Par exemple, si un copain tombe, il faut l’aider à se relever
Eleve de CE1
Les règles de vie sur un plateau
Les enfants de 16 écoles du 7e arrondissement ont ainsi créé un
jeu de plateau sur les règles de vie. « En posant les questions et en y répondant eux-mêmes, ils intègrent
mieux les notions de respect et d’entraide », souligne Nadia Debache,
animatrice lecture. « J’ai appris
que pour respecter l’autre, on commence par en prendre soin. Par exemple, si un
copain tombe, il faut l’aider à se relever », témoigne Léon, en CE1 à
l’école Chomel.
L’art et le sport jouent aussi un rôle clé dans le développement de
l’intelligence émotionnelle. Lou Monfourny, professeure de la Ville de Paris
(PVP) en arts plastiques, invite les enfants à analyser des œuvres illustrant
différentes expressions afin de les sensibiliser à l’empathie : « Ils réalisent que ce qui suscite du dégoût
chez certains peut provoquer une réaction opposée chez d’autres. Qu’est-ce que
l’art, sinon une forme de compassion, au sens étymologique du partage d’une
même émotion ? »
Le hip-hop, avec des initiatives comme « Émancipation par le break »,
encourage la coopération et aide les collégiens à déconstruire les préjugés par
la danse.

Pour les tout-petits, les crèches créent des supports visuels colorés autour des émotions
Credit
Laurent Bourgogne, Ville de Paris
Former les adultes
« Au quotidien, chacun développe des compétences
psychosociales sans toujours en avoir conscience. L’enjeu est d’amener les professionnels à les identifier et à s’approprier des
outils adaptés, afin que les enfants, par mimétisme, adoptent des attitudes de
bienveillance ou d’empathie, par exemple », explique Christelle Ansault.
C’est
dans cette optique qu’un vaste programme de formation a été mis en place dès
2022. « L’objectif est de former les
équipes d’animation des 634 écoles publiques parisiennes d’ici 2026 »,
précise Gaël Leblanc, responsable de la formation continue à la DASCO.
Plus de 3 500 professionnels du périscolaire ont été formés aux compétences psychosociales dans 325 écoles parisiennes.
Ce programme ambitieux porte ses fruits. « En
maternelle, par exemple, le travail sur les CPS mené en partenariat avec
l’Éducation nationale produit des effets concrets : les professionnels
observent que les enfants s’endorment plus sereinement à l’heure de la sieste », souligne Céline Levoir, de l’École des métiers de la DASCO.
Les parents sont
aussi associés à cette démarche, notamment à travers des « cafés des parents », où les
compétences psychosociales sont abordées. De quoi renforcer le lien éducatif
entre l’école et la maison !
Le cinéma, un outil de sensibilisation
À travers des projections-débats organisées durant les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires, la Cinémathèque Robert-Lynen invite les enfants, de la maternelle au collège, à réfléchir sur des thématiques telles que le vivre-ensemble, la lutte contre les discriminations et le harcèlement. « En abordant des thématiques comme la différence, l’amitié, l’altruisme, les films sélectionnés ouvrent le dialogue et encouragent une réflexion sans jugement. Par imprégnation, les élèves développent empathie et bienveillance », explique Laure Leroyer, directrice de la Cinémathèque. Face à l’enthousiasme suscité par ces initiatives, l’institution renforce son engagement et multiplie les projets, notamment en partenariat avec les classes de l’école élémentaire de Tanger (19e)
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