Sur les traces des pavés parisiens
Reportage
Mise à jour le 10/03/2025
Sommaire
Des dizaines de milliers de tonnes de pavés sont stockées à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne) dans un centre de la Ville de Paris. Neufs ou recyclés, ils alimentent les chantiers de la capitale et sont de plus en plus livrés par voie fluviale.
Pour retrouver l’origine des pavés, il faut suivre la Marne.
Et plus précisément se rendre au sud de Paris, à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne)
au Centre de maintenance et d’approvisionnement (CMA) de la Ville de Paris. Dès l’entrée, on aperçoit
d’énormes montagnes de pavés. Ici, entre 20 000 et 30 000 tonnes de
pavés de granit ou de grès sont stockées sur 4 hectares de terrain. Une quinzaine d'employés s'y activent toute l'année.
Pavés, dalles, potelets, grilles d’arbres… « On fournit
tout le mobilier urbain de la ville », précise Justin Ledoux, responsable
du CMA. En privilégiant le recyclage : chaque année, 10 000 tonnes de
matériaux sont achetées et 10 000 tonnes sont aussi récupérées sur les
chantiers puis recyclées. Les objets métalliques, tels que les potelets sont
aussi revendus à des ferrailleurs qui vont en récupérer le métal.
Les pavés en images
Le centre stocke entre 20 000 et 30 000 tonnes de pavés.
Credit
Clément Dorval / Ville de Paris
Les pavés sont classés par taille et par couleur.
Credit
Clément Dorval / Ville de Paris
Le flammage des bordures permet de les imperméabiliser.
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Clément Dorval / Ville de Paris
Les anciennes bordures sont découpés afin d'en faire des pavés, dans une logique de recyclage.
Credit
Clément Dorval / Ville de Paris
Le centre conserve des sculptures du Pont Neuf.
Credit
Clément Dorval/Ville de Paris
Le pavé, objet de recyclage
« Paris est la seule ville de France à disposer d’un
tel centre de recyclage », explique Justin Ledoux. Le pavé se recycle quasiment à l'infini de chantier en chantier !
Les pavés sont répartis par taille et par couleur et
répartis sur d’énormes tas. C’est un agent, installé en haut d’une grosse machine,
qui est chargé du tri. Plus loin, un autre agent s’occupe de la découpe de
bordures en granit à l’aide d’une machine à découper. Equipé d'un chalumeau, un autre agent s'occupe du "flammage" des bordures afin de les imperméabiliser.
« Ce sont des métiers manuels très physiques. Malgré la
mécanisation, le travail reste encore très manuel», précise Justin Ledoux.
D'où viennent les pavés neufs ?
Les pavés en granit proviennent de carrières du Tarn et de Bretagne, et les bordures sont achetées en Espagne. Les pavés en grès, beaucoup plus rares et reconnaissables à leur couleur jaune, sont réservés aux monuments historiques, et sont utilisés sur les quais de Seine. Une partie du stock actuel est déjà réservée pour les jardins du Val de Grâce. Ces pavés sont d’ailleurs introuvables en Europe : seule l’Inde est capable d’en fournir !
La voie fluviale, l'avenir des livraisons
Les principaux chantiers de la capitale se fournissent au CMA.
« En 2024, on a livré le chantier des Champs Elysées par la Seine, mais
aussi celui de la Gare du nord, et de la place du Colonel Fabien »,
rappelle Justin Ledoux. En 2025, le chantier de Notre-Dame et de ses abords sera un
gros client de Bonneuil-sur-Marne, avec 3000 tonnes de
matériaux livrés.
Pour l’instant, la plupart des livraisons s’effectuent par
camion, mais le CMA va de plus en privilégier les livraisons par voie fluviale.
L’an dernier, le centre a livré 1000 tonnes par la Seine, en passant par la Marne
située à proximité, et a pour objectif de livrer à terme 12 000 tonnes par
an. Une zone de livraison a aussi été installée dans Paris sur le quai de Jemmapes
(10e) sur le canal St Martin.
En 2026, le CMA va s’agrandir avec l’aménagement d’un quai
de chargement sur la Marne, ce qui facilitera la voie fluviale et évitera de
nombreux camions sur les routes franciliennes !
Le pavé à l'épreuve du temps
Les premiers pavés de Paris ont été créés par les Romains et étaient en grès. Ils provenaient des carrières de Fontainebleau. Ce n’est toutefois qu’au cours du XIXe siècle que le pavage se généralise avec l'augmentation de la circulation hippomobile qui use la chaussée. Des pavés en bois sont même posés, avant d'être abandonnés. Les ingénieurs de la Ville de Paris privilégient ensuite le granit breton. En mai 1968, le pavé devient le symbole de la lutte de la rue contre le pouvoir, puis disparaît progressivement du paysage parisien, recouvert par des couches d’asphalte.
> En savoir plus sur l'histoire du pavé
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