À l'église Saint-Eustache, la chapelle Saint-André dévoile sa splendeur retrouvée

Elle a retrouvé ses couleurs en 2025 après neuf mois d’un chantier ambitieux de restauration globale. Avec un budget de 350 000 euros, dont 30 000 euros issus du mécénat via la Fondation du Patrimoine, les travaux de la chapelle Saint-André de Saint-Eustache, située à proximité de l’entrée sud-est de l’église, ont mobilisé des équipes spécialisées pour traiter chaque détail avec soin : peintures murales, vitrail, éléments sculptés…

Mais que viennent faire des saucisses et des cochons sur un vitrail ? Si Le Souvenir de la charcuterie française orne la chapelle Saint-André, dite des Charcutiers, c’est que celle-ci est dédiée, depuis le XIX^e siècle, à la mémoire des charcutiers-traiteurs sous l’invocation des deux saints patrons de la profession.

À cette période, Saint-Eustache était un lieu de célébrations pour les artisans des Halles. Avant d’être transféré à Rungis, le marché central des Halles regroupait en effet plus de 300 artisans charcutiers.

En leur mémoire, en 1943, la vitrailliste Adeline Hébert-Stevens est chargée de concevoir cette œuvre originale représentant des épisodes de la vie de Saint-André et Saint-Antoine.

Construite entre 1532 et 1637, la chapelle a connu de nombreuses transformations et est le témoin de plusieurs siècles de production artistique.

Au XIX^e siècle, la décoration intérieure de Saint-Eustache connaît de nouveaux changements grâce au comte de Rambuteau et à l’architecte Victor Baltard - dont Paris célèbre le travail tout au long de l’année en 2025.

En 1844, après un incendie, Baltard restaure l’église et les chapelles avec l’aide de nombreux artistes, dont le peintre Isidore Pils, connu pour avoir réalisé le plafond du vestibule de l’opéra Garnier. La chapelle Saint-André se pare alors d’œuvres représentant le martyre et la glorification de Saint-André, ainsi que des anges sur sa voûte.

En 1989, un incendie détruit une partie de la chapelle. Onze ans plus tard, l’artiste suisse John Armleder crée un nouveau décor pour marquer le passage à l’an 2000. Deux grandes toiles intitulées Pour paintings ont pris place sous les peintures de Pils. Elles ont été réalisées sur place et représentent des coulures de peintures colorées et scintillantes grâce à l’ajout de paillettes de verre aléatoirement dispersées. L’éclairage a aussi son importance : il projette sur un mur une croix lumineuse violette, qui fait briller les clous en laiton alignés au sol. Au centre de la chapelle, un autel de verre transparent supporte une urne renfermant la liste des noms des charcutiers et amis de la charcuterie décédés.

Depuis 1809, une messe est organisée en mémoire des défunts de l’année par les membres de la profession, représentés aujourd’hui par l’association du Souvenir de la Charcuterie française. Elle a lieu le troisième dimanche de novembre. Venus de toute la France, les charcutiers entrent en procession, vêtus de leurs toques et tabliers, et déposent au pied de l’autel leurs chefs-d’œuvre gustatifs. S’en suit un buffet froid ouvert à tous et servi dans l’église pour faire connaître ce patrimoine gastronomique !

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