Journées de l'archéologie : « Il y a toujours des fouilles en cours à Paris… et encore plein de choses à découvrir ! »

Rencontre

Mise à jour le 13/06/2024

Julien Avinain, le responsable du pôle archéologique de Paris
Avant chaque nouveau chantier dans la capitale, des fouilles sont entreprises avec, parfois, de belles trouvailles à la clé. Alors que les Journées européennes de l’archéologie se tiennent du 14 au 16 juin, Julien Avinain, responsable du pôle archéologique de Paris, nous propose un petit bond dans le temps.

Être archéologue à Paris, qu’est-ce que cela signifie ?

Que l’on exerce en Égypte, en Grèce, en Amérique du Sud ou à Paris, c’est fondamentalement le même métier. Les méthodes scientifiques – les fouilles, les relevés, les dessins, les photographies, l’enregistrement de données, etc. – sont identiques. Ce qui diffère grandement, c’est que les archéologues parisiens interviennent systématiquement sur des sites voués à disparaître.
Pourquoi ? Parce que les fouilles réalisées par les neuf archéologues du pôle archéologique de la Ville de Paris (18e), comme l’essentiel des fouilles en France, se font dans le cadre de l’archéologie préventive. Cette pratique consiste à détecter et à sauvegarder les éléments du patrimoine archéologique susceptibles d’être affectés et détruits par des travaux d’aménagement d’espaces publics. Notre travail, c’est de raconter et de décrire ce que l’on a trouvé pour en garder une trace. Une fois cette mission terminée, l’aménageur peut alors mener à bien son projet.
Avoir un service municipal d’archéologie – seule une quinzaine de villes en possèdent un – permet de conserver tout ce que l’on récupère sur les chantiers, de valoriser l’ensemble des vestiges – en collaboration avec le musée Carnavalet (Paris Centre) concernant le pôle archéologique de la Ville de Paris –, de les mettre à disposition des universitaires, de les diffuser sur des supports numériques et, à certaines occasions – comme lors des Journées européennes de l’archéologie ou des Journées du patrimoine –, de les présenter au public dans notre bel espace de stockage et de conservation.

Quelles découvertes avez-vous faites récemment ?

Deux chantiers sont en cours. Le premier se déroule rue du Cloître-Notre-Dame (Paris Centre) pour préparer le réaménagement des abords de la cathédrale Notre-Dame. Nous y réalisons ce que l’on appelle un « diagnostic », c’est-à-dire que l’on perce une ouverture très limitée pour vérifier s’il y a présence ou pas de vestiges, déterminer de quoi il s’agit, d’où cela provient et de quand cela date. En fonction de ce que l’on trouve, l’État peut demander une fouille exhaustive. Dans ce quartier historique, on met toujours des vestiges à jour ! Nous y avons déterré des éléments de maçonnerie d’églises du Moyen-Âge.

En 2019, au cours de la construction de l’Adidas Arena (18e), des artisans sont tombés sur des baïonnettes de la guerre de 1870.

Julien Avinain
responsable du pôle archéologique de Paris
L’autre chantier est celui que nous avons installé dans le cadre de la restructuration du palais de justice (Paris Centre). Là aussi, c’est positif avec la découverte d’indices d’occupation de la période antique à aujourd’hui. À de rares occasions, ce sont des ouvriers qui font ces découvertes fortuites : en 2019, au cours de la construction de l’Adidas Arena (18e), des artisans sont tombés sur des baïonnettes de la guerre de 1870.

Et les découvertes qui vous ont le plus marqué ?

Je me souviens de la fouille exceptionnelle aux abords de l’église Saint-Germain-des-Prés (6e) avant la restauration du chœur, en 2015. Cette église était la nécropole des rois et de leurs proches durant près d’un siècle. Mon équipe y a mis au jour des sépultures gauloises et mérovingiennes ! En 2022, c’était émouvant de découvrir de nombreux ossements d’animaux lors de la fouille de la rue Cujas (5e) sur le chantier d’un hôtel de tourisme. C’était bien la preuve qu’à l’époque antique, ce quartier situé en face du forum de la rue Soufflot était celui des commerçants et des bouchers.

Lors de fouilles au palais de justice, une collègue a découvert l’enceinte d’une fortification antique. La datation au carbone 14 a révélé qu’elle provenait du IVe siècle après Jésus-Christ !

Julien Avinain
RESPONSABLE DU PÔLE ARCHÉOLOGIQUE DE PARIS
Enfin, je pense aux fouilles du palais de justice : sur quelques mètres carrés, une collègue a découvert l’enceinte d’une fortification antique. La datation au carbone 14 a révélé qu’elle provenait du IVe siècle après Jésus-Christ !
Il y a toujours deux ou trois fouilles en cours à Paris… et donc encore plein de choses à découvrir ! Ce qui est un peu dommage, c’est qu’il n’y ait pas de terrain libre qui nous servirait de « bac à sable » pour pousser nos recherches, notamment pour mieux comprendre les origines de Paris. Nous avons mis au jour quelques pièces de monnaie gauloises et des sépultures gauloises, mais pas encore de traces claires et nettes d’une implantation gauloise sur l’île de la Cité (Paris Centre).
Le patrimoine parisien vous fascine ?
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