À l’école Gutenberg, l’inclusion entre dans la danse

Reportage

Mise à jour le 10/03/2025

des enfants de CM1 et de l’Unité d'enseignement en élémentaire autisme à l'école Gutenberg sont initiés à la danse urbaine
À l’école Gutenberg (15e), des enfants de CM1 et de l’Unité d'enseignement en élémentaire autisme prennent part à un tout nouveau projet, faisant le pari de l’inclusion par le mouvement.
« Les bras en haut… et on relâche » , répète d’une voix claire Brice Soumbou, professeur de danse à la Fédération française du Sport adapté. Autour de lui, des grappes d’enfants avec leurs enseignants et encadrants commencent à s’échauffer pour leur deuxième séance de danse urbaine. À l’école élémentaire Gutenberg (15e), ces élèves de CM1 et de l’Unité d'enseignement en elémentaire autisme (UEEA) participent à un projet novateur, initié par la Ville de Paris : « L’Inclusion par le mouvement ! »

Dans le sillon des Jeux olympiques et paralympiques

Tout a commencé par une rencontre au cœur des Jeux olympiques en août. « Alors que j’étais au Centre Ressources local Urban Olympic qui fait la promotion des disciplines sportives urbaines auprès des enfants en centre de loisirs, j’ai vu Brice faire danser 130 enfants, dont certains avec des besoins éducatifs particuliers, se remémore Stéphanie Guerrato, coordinatrice de la mission inclusion de la circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance des 7e et 15e arrondissements. Et tous étaient immédiatement happés. J’étais épatée et c’est là que j’ai eu le déclic. »
En quelques mois, le projet est monté par la coordinatrice, approuvé par l’Académie et la Préfecture, puis proposé, clé en main, aux équipes pédagogiques de Gutenberg. C’est ainsi que depuis janvier, chaque vendredi après-midi, tous les enfants qu’ils soient en situation d’handicap ou non, sont amenés par demi-groupe à découvrir le langage du corps, à exercer leurs capacités d’écoute et de concentration et à explorer leur imaginaire.

Une expérience de l’inclusion

« Allez, je veux plus d’énergie maintenant », lance Brice Soumbou aux jeunes danseurs qui, déployés sur deux lignes se faisant face, doivent inventer des pas que leurs binômes sont invités à reproduire. Et voilà que la musique s’accélère, les défis chorégraphiques s’enchainent, des rires éclatent, des applaudissements retentissent, des complicités s’installent !
L’objectif, ici, est loin d’être la performance. C’est plutôt de vivre une expérience inclusive. « Nous cherchons à créer du partage et de la cohésion, à faire en sorte que malgré leurs différences tous ces enfants entrent en contact », résume le professeur de danse.

On s’appuie sur ce qui les rassemble

Fanny Henriques et Ludovic Cely,
animateurs ville de Paris en formation « sport adapté »

Faire tomber les barrières

 Les jeunes danseurs s'allongent pour se relaxer.
À l’école Gutenberg, l’UEEA s’est ouverte à la rentrée 2023, permettant à 10 enfants autistes âgés de six à huit ans de bénéficier d’une scolarité adaptée. « La plupart n’ayant pas la capacité de parler, nous privilégions la communication corporelle, explique Vanessa Fuchs, professeure des écoles spécialisée. Mais certains sont capables d’être dans le partage et ont des copains dans les classes ordinaires. Ils jouent ensemble dans la cour. » « Nous en sommes aux prémices, complète Eric Pougheon, enseignant en classe ordinaire qui participe au projet. Notre but est d’accompagner davantage cette inclusion et de faire tomber les barrières. »
Lors des séances de danse urbaine, les enfants de l’UEEA sont guidés physiquement par leurs accompagnateurs. « Nous les faisons travailler sur le principe de l’imitation positive. Cette séance de danse qui leur demande de rester concentrés pendant une trentaine de minutes sur une même activité est un vrai défi pour eux », souligne Priscille Guegau-Liho, également professeure des écoles spécialisées. Mais tous s’accrochent et trouvent peu à peu leur place dans le groupe même s’ils ont chacun besoin de faire des pauses à leur manière. Quant aux élèves de CM1, « ils ne sont pas du tout perturbés par des comportements qui peuvent s’avérer différents ou inhabituels, observe Stephanie Guerrato. Ils prennent simplement plaisir à danser. Certains en ont déjà parlé avec enthousiasme à leurs parents ! »
Et après la danse, place aux jeux. Une deuxième partie de séance qui offre là encore des opportunités d’échange dans un cadre plus décontracté. Un programme bien ficelé qui se terminera le 13 juin par une conférence contée et dansée, avec tous les enfants sur scène.
Des enfants jouent après la danse.
Ces unités d’enseignement qui favorisent l’inclusion
Implantées dans les établissements scolaires, de la maternelle au collège, les Unités d'enseignement (UE) visent à favoriser l'inclusion des élèves en situation de handicap. A Paris, il en existe 31, dont 18 dédiés aux troubles du spectre autistique.

Avec l’appui d'une équipe médico-sociale et d’enseignants spécialisés, chaque UE accueille entre 7 à 10 élèves qui sont scolarisés dans une même classe tout en bénéficiant de temps d’inclusion sur les temps scolaires et périscolaires. En 2023, s’est aussi ouvert un dispositif d'auto-régulation (DAR) à l'école élémentaire de Joseph de Maistre (18e) où sont scolarisés en classe ordinaire dix élèves présentant un trouble du neuro-développement. Ici, les enfants apprennent à développer leurs capacités à décoder les règles sociales et à réguler leurs émotions, pensées et comportements.

Ces dispositifs sont déployés en partenariat avec l'Education nationale, l'Administration régionale de Santé et la Ville de Paris. Les orientations vers ces dispositifs sont prises sur notification de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).